Comment les biais de placement influencent nos décisions financières
Qu’est-ce qui motive nos décisions en matière de finances et de placements? Si nos choix peuvent nous sembler logiques et rationnels, ils sont souvent plus complexes que nous le croyons.
La finance comportementale est un domaine d’étude qui se concentre sur les facteurs psychologiques qui influencent les décisions des investisseuses et investisseurs. Les recherches ont démontré que nos erreurs de jugement sont souvent attribuables à des raccourcis mentaux, à des influences émotionnelles ou à des pressions sociales.
Biais dans la prise de décisions financières
Nos décisions de placement peuvent être influencées par deux principaux types de biais comportementaux.
- Les biais cognitifs résultent d’erreurs de raisonnement et de traitement de l’information.
- Les biais émotionnels découlent d’impulsions ou de sentiments et ne sont pas fondés sur la raison.
Face à l’incertitude, il est important de s’en tenir à une stratégie d’investissement fondée sur vos objectifs et votre horizon de placement. Si vous restez fidèle à votre plan, vous éviterez de vous laisser influencer par des biais et de vendre un placement sous le coup de l’émotion.
Les biais de placement comportementaux reposent sur cinq grands concepts.
Comptabilité mentale
Les gens traitent l’argent différemment en fonction de sa provenance et de leur perception de l’usage qui devrait en être fait. Nous avons tendance à protéger une partie de notre argent et à agir avec prudence lorsque nous l’avons mentalement affecté à un usage particulier. Souvent, les gens possèdent plusieurs comptes affectés à diverses fins, chacun ayant ses propres objectifs et contraintes. Cela peut entraîner des conflits potentiels et nuire à votre portefeuille si vos placements ne sont pas suffisamment diversifiés, de sorte que la répartition globale des actifs et l’exposition au risque ne sont pas optimisées. Une stratégie de placement axée sur les objectifs met l’accent sur des objectifs de vie précis. En adaptant votre biais de comptabilité mentale, vous conviendrez plus facilement que votre argent se trouve au bon endroit pour atteindre vos objectifs.
Crainte des pertes
En général, les pertes suscitent des émotions plus fortes que les gains. Les gens peuvent donc conserver un placement perdant plus longtemps qu’ils ne le devraient afin d’éviter de réaliser une perte, ou vendre un placement gagnant trop tôt afin d’éviter de perdre leurs gains. Cette combinaison peut entraîner une augmentation du risque du portefeuille en raison de la détention d’actifs plus faibles et de la réduction du potentiel de hausse en déplaçant prématurément les actifs gagnants. Les opérations excessives sont une autre conséquence de la crainte des pertes, lorsque les placements gagnants sont trop souvent vendus et réinvestis dans d’autres actifs.
Excès de confiance
Il est facile de surestimer notre niveau de connaissances et de compétences. Les investisseurs et investisseuses risquent alors de prendre des décisions qui ne correspondent pas à leur tolérance au risque. L’excès de confiance peut également amener le cerveau à croire qu’il est possible de battre régulièrement le marché. Il est important de s’appuyer sur des spécialistes en placement et des gestionnaires de portefeuille qui prennent des décisions fondées sur les données, la recherche et l’expérience. La gestion active s’adapte à l’évolution des conditions du marché et tente de battre le marché en maximisant les facteurs positifs et en minimisant les facteurs négatifs.
Rétrospection
Bon nombre d’entre nous parviennent facilement à se convaincre d’avoir prédit avec précision un événement avant qu’il ne se produise. Cela peut nous amener à conclure que nous pouvons prédire avec précision d’autres événements futurs et ainsi prendre des risques inutiles et excessifs. Personne n’est à l’abri du biais de rétrospection, car il est réconfortant de penser que le monde est prévisible.
Comportement grégaire
Les investisseurs et investisseuses adoptent un comportement grégaire en emboîtant le pas à leurs pairs au lieu de prendre leurs propres décisions. Il a été maintes fois démontré que le comportement grégaire peut se retourner contre les investisseuses et investisseurs, par exemple lors des bulles Internet et des actions-mèmes. Comme le terme l’indique, les bulles se traduisent par un gonflement rapide des valeurs. Les investisseurs et investisseuses paient un prix élevé dans l’espoir de vendre les actifs à quelqu’un d’autre à un niveau encore plus élevé, sans tenir compte de données financières pour étayer les évaluations. Cet état d’esprit se traduit souvent par une baisse importante de la participation générale sur le marché lorsque la dynamique s’essouffle et que les valorisations s’effondrent.
Il faut prendre conscience de ses biais
Les biais peuvent inciter les investisseuses et investisseurs à essayer d’anticiper les fluctuations du marché, surtout dans les périodes de fortes pertes et d’incertitude à court terme.
Toutefois, la décision hâtive de vendre des placements de qualité bien gérés risque de transformer une baisse temporaire en perte permanente, car les journées et les semaines les plus fastes du marché surviennent souvent au moment où l’on s’y attend le moins.
Ce graphique montre un exemple de 10 000 $ investis entre le 1er janvier 2007 et le 23 avril 2025 dans l’indice boursier S&P 500.
Quelles sont les conséquences d'avoir manqué les meilleures journées sur marché?
Indice de rendement global S&P 500 ($ US)
Source : Bloomberg/S&P Global
Les personnes qui n’ont pas touché à leurs placements durant toute cette période, y compris lors de la crise financière de 2008, de la correction des cours en 2020 et du mouvement de liquidation précipité par les tarifs douaniers de 2025, ont vu leur investissement initial passer à plus de 54 000 $, ce qui correspond à un rendement annuel de près de 12 %.
Les personnes qui les ont retirés et qui ont manqué les 10 meilleurs jours ont fait un profit de près de 14 000 $, soit un rendement annuel de 6 %. Ainsi, elles sont passées à côté de près de 30 000 $.
Celles qui ont manqué les 20 meilleurs jours ont seulement fait un profit de 4 000 $, soit un rendement approximatif de 2 %.
Et celles qui ont manqué les 30 meilleurs jours ont subi une perte du capital : leur investissement initial de 10 000 $ est tombé à un peu plus de 9 000 $, pour un rendement annuel négatif de 0,5 %.
Il est important de se rappeler qu’il est préférable de rester plus longtemps sur le marché que d’anticiper le marché.
En prenant conscience de vos biais, vous aurez plus de facilité à garder le cap sur vos objectifs à long terme et à éviter de prendre des décisions sous le coup de l’émotion.